vendredi 3 avril 2009

Paranoïd democracy

Cette année a vu la fin des séries The L Word, et Battlestar Galactica.
Deux séries totalement différentes mais qui ont en commun d'avoir une approche novatrice.
D'un côté The L Word, aborde le sujet des relations amoureuses par le biais d'un groupe d'amies lesbiennes. Les clichés des femmes devenues lesbiennes à cause de sévices subis par leur père disparait (enfin!) et laisse place à une aventure forte en émotion. Tout ça, servi par une bande son et un casting irréprochable !
On regrettera la fin de la dernière saison, bâclée et hors de propos à mon goût.

D'un autre côté, nous avons Battlestar Galactica. Ok, c'est de la S-F, tout le monde s'en tape.
C'est vrai que la S-F a perdu ses lettres de noblesse auprès du grand public. La faute à certaines séries qui ont trop souvent fait du copier-coller de grands clichés sans jamais apporter un peu de fraicheurs et d'innovations. Heureusement, Battlestar Galactica (BSG de son petit nom) a su renouveler le genre (avec la série Firefly aussi). Là encore, un casting magnifique. Oui, ok la robe rouge de Tricia Helfer n'enlève rien au charme de la série. Un bémol tout de même, la fin du dernière épisode tombe carrément de la mysticisme chamallowesque (je créé des mots si je veux).

Enfin bref ! je voulais pas parler de séries à la base, mais d'un sujet autrement plus pénible que les fesses de Ticia Helfer. Je voulais parler d'HADOPI.
J'en avais fait allusion ici.
Mais ça y est c'est la fin du monde. La loi a été voté cette nuit à l'Assemblée Nationale.
Enfin assemblée c'est vite dit : 16 votants, 528 absents. À croire que tout le monde s'en fout. Je ne vais pas partir dans un débat sur la nécessité d'un quorum, quoi que... .

Non, je voulais juste signifier auprès de ces personnes, Christine "jeconnaisrienauweb" Albanel et Franck "jefaismonmalin" Riester en tête, tout mon mépris.
Non seulement cette loi est liberticide et lobbyiste au possible. Mais en plus, elle ne fait que creuser le fossé entre ceux qui auront les moyens financiers de s'ouvrir à la culture, et ceux, trop nombreux, qui seront forcés de tomber dans un nihilisme promu par TF1 et les majors.
Cette segmentation dualiste de la population me fout la gerbe.

De surcroit, la mise en pratique de la loi risque d'être folklorique. Entre les investissements des FAI dans un système de flicage filtrage, un organisme indépendant de la justice qui sera juge et parti, une obligation d'installer un logiciel privé de filtrage (acheté au frais de l'internaute !), on a pas fini de rire.
Je passe sur les différentes contre-mesures techniques existantes à ce jour et qui vont se propager à la vitesse d'un buzz de Paris Hilton à poil sous la douche (au choix : du P3P avec Imule, Waste, GNUnet, DC++, et plus généralement tous les systèmes avec du VPN, des proxys étrangers et des FTP privés).

Alors, certes je ne rentre pas dans le vif du sujet, je préfère vous renvoyer au site de La Quadrature du Net et à son Wiki.
Mais surtout qu'on ne vienne pas me dire que cette loi est là pour sauver la culture et les artistes. Sinon, je sens que je vais perdre mon sang froid.

Mes vacances commencent bien ...

[EDIT] - - - Le 05/04/2009 à 15h45
Une interview de Massilia Sound System intéressante. Ça se passe ici.
[/EDIT]
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Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunis
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Dur miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Paul Eluard, Liberté.
Poésies et vérités 1942
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Listening : Edison Woods - Nest of Machines

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